الحراك الإخباري - Macron, Israël, l'Iran : Quand les mots masquent la guerre
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Macron, Israël, l'Iran : Quand les mots masquent la guerre

منذ 9 ساعات|الأخبار


De Paris: Souheila BATTOU 

Journaliste/Cinéaste 

Ah, la sémantique. Ce délicieux art de jongler avec les mots pour que la réalité se plie à la convenance du discours officiel. L'exemple le plus récent, et avouons-le, le plus acrobatique, nous vient directement de la bouche de nos dirigeants occidentaux. Fini le sempiternel "condamnez-vous l'attentat du 7 octobre ?". Place à la nouvelle formule magique, celle qui absout tout et rend l'offensive immaculée : "Israël a le droit de se défendre." Un mantra désormais brandi comme un bouclier rhétorique, même quand les bombes pleuvent sur Téhéran, transformant un acte offensif en une danse subtile de l'autoprotection. George Orwell, avec sa "Novlangue" et sa "double-pensée", n'aurait sans doute pas trouvé meilleure illustration de l'art de tordre la réalité.

Le "Droit de Se Défendre" : Une "Novlangue" en Action

Orwell a imaginé un monde où le pouvoir utilise la "Novlangue" ; un langage manipulé et appauvri, pour empêcher les gens de penser librement. Dans ce système, les mots sont tordus pour servir le régime.

C'est cette "Novlangue" que l'on observe lorsque l'on analyse la déclaration de Macron. Israël lance des frappes militaires sur l'Iran. Logiquement, on pourrait parler d'une "attaque" ou d'une "offensive". Pourtant, le discours officiel insiste sur le "droit de se défendre". Le mot "défense" est ainsi étiré pour inclure des actions qui ressemblent fort à des attaques, mais qui sont présentées comme nécessaires pour prévenir une menace future (tel le programme nucléaire iranien), alors même qu'Israël est largement présumé détenir l'arme nucléaire. Cela permet de justifier : "Ces frappes sont pour notre sécurité, donc c'est de la défense." C'est une véritable pirouette verbale où "attaquer" devient "se défendre", une confusion volontaire qui vide les mots de leur sens premier.

Une guerre aux soutiens inattendus

La situation actuelle est d'autant plus singulière que certains observateurs soulignent un précédent historique troublant. C'est la première fois, est-il relevé, qu'un État dont les plus hauts dirigeants sont visés par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre reçoit un appui aussi affirmé des principales "démocraties" occidentales, et ce, au moment même où il s'engage dans une offensive d'une telle ampleur. Le tableau se complique encore lorsque l'on constate que cette nouvelle guerre est engagée par le Premier ministre d'un pays alors qu'un ancien chef de son propre gouvernement l'accuse publiquement de crimes de guerre.

Face à un tel engrenage, la menace d'un embrasement global est bien réelle. Pourtant, la finalité de cette escalade, pour certains observateurs, ne serait plus la quête de la paix, mais une stratégie délibérée visant à engendrer un "chaos utile". Un chaos qui, dans cette optique, servirait des desseins géopolitiques plus vastes, redessinant les cartes du pouvoir sous le voile d'une désorganisation orchestrée.

Un écho amer du passé

Pour les plus âgés, cette escalade n'est qu'un amer "déjà-vu" qui les hante ; un scénario macabre digne de la guerre en Irak, ressuscitant les mêmes images de bombardements et justifications éculées. Pire : la diplomatie raffinée, capable d'inspirer l'espoir et d'appeler à la paix comme un De Villepin, semble avoir disparu. Ce funeste cycle, aveugle aux leçons du passé, ne fait qu'alimenter une désillusion cinglante.

L'Héritage d'Orwell : Le contrôle des mots, le contrôle de la réalité

Face à ce cycle amer de répétitions et de discours dévoyés, l'œuvre d'Orwell, 1984, s'impose avec une pertinence terrifiante. Au cœur de sa vision, la "double-pensée" est cette aptitude terrifiante à tenir pour vraies deux idées diamétralement opposées. Comment alors concilier le soutien aux valeurs démocratiques avec l'ignorance des accusations de crimes de guerre ? Comment percevoir une offensive brutale comme une simple légitime défense ?

Orwell l'avait bien saisi : pour maîtriser la réalité, il faut d'abord contrôler nos perceptions. "Le Parti vous a dit de rejeter le témoignage de vos yeux et de vos oreilles. C'était leur ordre final et le plus essentiel." Aujourd'hui, cette injonction résonne avec une force glaçante. Car même quand nos yeux et notre raison crient "attaque", le "discours officiel" ou les "médias officiels" peuvent nous obliger à douter de nos sens, nous imposant une version alternative – celle d'une défense fallacieuse.

En somme, ces réflexions nous rappellent combien il est important de garder notre esprit critique face à l'information. Dans un monde où les mots peuvent être déformés et les réalités contestées, la capacité à décrypter les discours, à confronter les informations et à conserver son esprit critique est plus que jamais essentielle pour comprendre les dynamiques à l'œuvre et résister à toute forme de manipulation.

تاريخ Jun 15, 2025