الحراك الإخباري - Dis-moi ce que tu regardes, je te dirai qui tu es
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Dis-moi ce que tu regardes, je te dirai qui tu es

منذ 7 ساعات|الأخبار


De Paris: Souheila BATTOU 

Journaliste/Cinéaste

La guerre des écrans : Qui détient la vérité à l'ère de la division? 

Dans un monde où les événements s'accélèrent, où le fracas des armes se mêle au tumulte des informations contradictoires, une question s'impose avec force : Qui croire ? Nos écrans arabes s'embrasent d'images, mais le récit qui en émane est rarement notre histoire commune. Ces chaînes sont devenues le reflet d'une fracture profonde de notre conscience, révélant sans fard l'ami et l'ennemi.

Les grandes plateformes : Entre cadrage et agenda

Chaque chaîne, derrière une façade de diversité, opère comme un véritable outil de direction. Elle diffuse ce qui lui est dicté, non ce qui devrait être rapporté. Chacune arbore sa bannière, colore l'information et la présente sous un angle qui sert ses propres intérêts et ceux de ses financiers. Loin d'être des miroirs neutres de la vérité, ce sont des lentilles qui agrandissent et réduisent, dissimulent et exposent, façonnant ainsi notre conscience arabe, désormais fragmentée.

Al Jazeera : Basée au Qatar, souvent perçue comme une voix influente, un soutien aux causes populaires et à la libération, sa couverture de la question palestinienne est puissante. Elle déploie un discours critique envers certains régimes, attirant un vaste public, bien que ses orientations ne soient pas sans critiques.

Al Arabiya : Basée à Dubaï, financée par l'Arabie Saoudite, elle incarne une ligne conservatrice, proche des politiques de Riyad et d'Abu Dhabi. Son focus est la critique de l'Iran et de l'axe de la résistance, offrant une vision radicalement différente des événements régionaux.

Sky News Arabia : Également émiratie, et sous la direction de personnalités comme le Libanais Nadim Koteich (connu pour ses positions fortement critiques envers le Hezbollah et les forces pro-iraniennes, dans un pays qui a subi les affres des conflits et des explosions), elle contribue à un récit aligné sur les positions du Golfe. De multiples interrogations persistent quant à son indépendance, poussant certains à murmurer : "Arabe ou hébraïque ?"

Al Mayadeen : De Beyrouth, elle se positionne comme la voix de "l'axe de la résistance". Elle soutient la ligne iranienne et ses alliés (Hezbollah, Syrie), proposant un récit diamétralement opposé à celui des chaînes du Golfe.

RT Arabic : La version arabophone de la chaîne d'État russe "Russia Today". Elle offre la perspective russe sur le monde, adoptant souvent un ton fortement critique envers les politiques occidentales.

BBC Arabic et France 24 Arabic : Les extensions arabophones des médias occidentaux. Elles présentent une vision internationale des faits, mais ne sont pas à l'abri des soupçons de partialité en faveur des politiques de leurs nations d'origine, notamment sur les sujets sensibles.

Cette apparente pluralité des chaînes dissimule une bataille implacable pour le contrôle de l'esprit arabe, où les récits sont fabriqués non pour informer le réel, mais pour convaincre et manipuler.

La fracture numérique : Une division arabe autour du conflit

Le récent conflit entre l'Iran et l'occupation n'a pas seulement embrasé la région ; il an mis au jour une profonde fracture numérique au sein de la rue arabe. Cette division tranchée des opinions – sur l'ami et l'ennemi – n'est pas soudaine. Elle est le reflet direct des crises internes que traverse chaque État arabe, et d'une mémoire collective alourdie par les déceptions et une confiance érodée.

Deux fronts majeurs se dessinent ici sur les réseaux sociaux :

Le camp "pro-Iran / pro-résistance" : Il perçoit la riposte iranienne comme une "rupture du monopole" de l'occupation, une "mesure punitive" contre sa prétendue invulnérabilité. Cette riposte est célébrée comme un événement majeur, modifiant l'équilibre de la dissuasion par des frappes stratégiques. Ce camp trouve un écho retentissant au Yémen, au Liban, en Irak, dans les pays du Maghreb, et parmi les cercles soutenant la cause palestinienne, scandant que Téhéran défend Jérusalem.

Le camp "anti-Iran / pro-souveraineté" : Il exprime une hostilité et un rejet catégoriques de l'Iran, le considérant comme un adversaire aussi, voire plus dangereux que l'occupation israélienne. Certains influenceurs et médias du Golfe Arabe vont jusqu'à saluer et même partager leur joie lors des frappes israéliennes contre Téhéran. La motivation principale est la préservation de la souveraineté nationale, souvent alimentée par une polarisation sectaire aiguë.

L'écho d'Orwell : La bataille pour la vérité

Ce qui se déroule aujourd'hui résonne puissamment avec les mots de George Orwell : "En temps de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire." 

Cette confrontation ne se limite pas à la diffusion d'informations ; elle est la forge de la réalité elle-même. Celui qui contrôle les médias contrôle l'esprit, contrôle le passé et l'avenir. Notre impératif aujourd'hui est de ne jamais devenir des instruments de cette domination.

Conclusion : Le prix de la vérité

Dans ce monde de manipulation médiatique et de profonde division, la vérité est devenue une denrée rare. Ô spectateur arabe, il t'appartient d'en être le gardien vigilant. Ne laisse pas le vacarme des agendas étouffer ta perspicacité. Ce n'est pas seulement une guerre des territoires, c'est un conflit pour l'âme, où ta conscience est l'enjeu final.

تاريخ Jun 17, 2025