Ahmed ABDELKRIM
Le 22 septembre, Emmanuel Macron quitte le siège des Nations unies après un discours solennel sur la reconnaissance d’un État palestinien. Son cortège présidentiel s’engage dans Manhattan, mais s’arrête brutalement : la circulation est totalement gelée. En cause : le passage imminent du président américain, Donald Trump.
Macron tente un geste d’humour et de complicité. Il appelle Trump : « Guess what ? Je suis dans la rue parce que tout est gelé pour toi. » Mais la réponse est sèche : rien ne bougera. Pas de privilège, pas de passe-droit. Le président français est contraint de descendre de son véhicule et de marcher, entouré de sa délégation, pendant près de trente minutes. Sous les caméras, l’image circule : un chef d’État réduit au rang de piéton dans une ville fermée pour un autre.
Trump, l’humiliation répétée
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump rabaisse Emmanuel Macron. L’Américain a multiplié les affronts depuis 2017 :
• La poignée de main brutale au G7 de Taormine, devenue un symbole viral d’épreuve de force physique.
• Les piques répétées contre l’OTAN, accusant la France et l’Europe de « profiter » de la protection américaine sans assumer leur part du fardeau.
• Les railleries publiques : en 2019, Trump ironise sur le faible taux d’acceptation du président français dans son propre pays, en pleine crise des Gilets jaunes.
• Les rebuffades diplomatiques : retrait américain de l’accord de Paris sur le climat malgré l’activisme de Macron, critiques ouvertes sur la fiscalité française des géants du numérique, et un mépris affiché pour ses propositions d’« autonomie stratégique européenne ».
À chaque fois, l’Américain a choisi de marquer sa supériorité en humiliant Macron. L’épisode new-yorkais n’est qu’un maillon de cette longue chaîne.
Un président de moins en moins perçu comme un leader
Ces scènes répétées nourrissent une perception désormais largement partagée : Emmanuel Macron n’apparaît plus comme un leader mondial. Fragile face à Poutine, raillé par Erdoğan, rejeté en Afrique, méprisé par Trump, il donne l’image d’un président isolé, bavard, mais incapable de transformer ses discours en rapports de force.
Là où ses prédécesseurs de Gaulle face à Roosevelt, Mitterrand face à Reagan, Chirac face à Bush savaient incarner une résistance, Macron semble subir. Ses ambitions européennes n’ont pas suffi à compenser sa marginalisation croissante sur la scène internationale.
Ce que révèle cet épisode, ce n’est pas seulement une humiliation de circonstance, mais l’effritement d’une posture diplomatique. Emmanuel Macron a voulu jouer le rôle d’équilibriste entre Washington, Moscou, Pékin et Bruxelles. Mais à force de multiplier les discours sans obtenir de résultats tangibles, il s’est vidé de substance politique. La marche forcée à New York devient alors une métaphore cruelle : la France parle, mais n’impose plus ; elle avance, mais n’entraîne personne. Dans un monde de rapports de force bruts, Macron incarne une diplomatie bavarde, qui se veut visionnaire mais finit marginalisée, prisonnière de sa propre impuissance.